vendredi 23 mars 2012

LE PROPHÈTE

Tourmenté d'une soif spirituelle,
j'allais errant dans un sombre désert,
et un séraphin à six ailes m'apparut
à la croisée d'un sentier.
De ses doigts légers comme un songe,
il toucha mes prunelles.
Mes prunelles s'ouvrirent voyantes
Comme celles d'un aiglon effarouché.
Il toucha mes oreilles,
elles se remplirent
de bruits et de rumeurs.
Et je compris l'architecture des cieux
et le vol des anges au-dessus des monts,
et la voie de essaims
d'animaux marins sous les ondes,
le travail souterrain
de la plante qui germe.
Et l'ange, se penchant vers ma bouche,
m'arracha ma langue pécheresse,
la diseuse de frivolités et de mensonges,
et entre mes lèvres glacées
sa main sanglante
il mit le dard du sage serpent.
D'un glaive il fendit ma poitrine
et en arracha mon coeur palpitant,
et dans ma poitrine entrouverte
il enfonça une braise ardente,
Tel un cadavre,
j'étais gisant dans le désert,
Et la voix de Dieu m'appela:
Lève-toi prophète,
vois, écoute et parcourant
et les mers et les terres,
Brûle par la Parole
les coeurs des humains.


- AUTEUR: ALEXANDRE POUCHKINE
- TRADUIT PAR LE POÈTE FRANÇAIS
-PROSPER MÉRIMÉE  (1803-1870)
-21 MARS 1856
-TOUS DROITS RÉSERVÉS

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